Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE MODÈLE.

Plus haut ?

THYRA.

Non, pas plus haut.

LE MODÈLE.

Comme ceci ?

THYRA.

Oui. (Elle ne travaille pas. Elle contemple. Tout à coup, elle se redresse, jette brusquement l’ébauchoir, va à la verrière de la fenêtre, l’ouvre et appelle.) Lepage ! Lepage !…

(Au-dessus des quinconces, de l’autre côté, apparaît à l’atelier d’en face la tête du sculpteur Lepage.)
LA VOIX DE LEPAGE.

Qu’y a-t-il ?

THYRA.

Venez. J’ai un conseil urgent à vous demander.

LEPAGE.

Bon ! J’avais séance, mais tant pis, je descends une minute.

THYRA, (referme la verrière. Au modèle.)

Reposez-vous une seconde en attendant Monsieur Lepage. Tenez, prenez l’accessoire. (Elle va elle-même à une coupe d’albâtre où il y a des raisins artificiels. Elle passe les raisins au modèle.) Quand Monsieur Lepage arrivera, vous reprendrez la pose. (Elle sort le bouquet du seau et le jette sur une table. Puis elle s’appuie à un meuble, la tête dans les mains. On entend du bruit. Au modèle.) Voilà.

(Elle ouvre la porte. Lepage entre. C’est un sculpteur à figure énergique, grosses moustaches poivre et sel, mains rouges. Il mâchonne une cigarette en entrant.)