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cœur et son esprit. Cette équivoque, entre autres, dont parle Théophile Gautier, qui tente d’assimiler l’auteur à ses personnages, est une arme basse qui a trop rendu de services à l’opposition, depuis qu’il existe une critique, pour qu’elle soit abandonnée de sitôt !… Ayons confiance dans un arsenal aussi éprouvé ! À l’Enfant de l’Amour, cette feinte indignation atteignit déjà au paroxysme. Sans paraître comprendre quoi que ce soit à l’idéalisme d’un auteur qui poursuit son étude dans tous les milieux, la plus grande partie de la critique fut prise d’un haut-le-cœur comparable à celui que provoqua le Phalène. Une ligue contre l’immoralité de la scène française, livrée à l’ordure, fut même fondée à cette occasion par des journalistes, il m’en souvient !… Je ne vois dans mes oeuvres que la Femme nue qui ne souleva pas cette objection d’immoralité, et, à la rigueur, les Flambeaux, mais encore dans ce dernier cas avec de fortes restrictions. On me traita alors comme une brebis égarée qui revient au bercail de la salubrité publique ! Mais il y avait sans doute maldonne. Les apparences seules, le milieu où j’avais situé les Flambeaux, la pitoyable et simple aventure de la Femme nue, avaient dû égarer l’opinion de la presse, car le malheureux auteur récidiviste eut le chagrin de contrister à nouveau la classe la plus susceptible et la plus délicate de la société parisienne !

Je ne mets en cause que le grief d’immoralisme, car j’en donne ici la plus formelle assurance, je ne m’insurge pas le moins du monde contre les critiques qui furent adressées aux défauts ou aux défaillances artistiques de mes pièces. Je ne vais pas si loin que Théophile Gautier et je m’incline devant la tâche un peu vaine,