Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ment préparée à l’avance, vient d’illuminer ce réduit sombre qui se met à étinceler. Tous les yeux se fixent là… Ils regardent attentivement, avec un peu de stupeur… Un grand temps se passe. Ils ne disent rien. À la fin, Corneau, à voix basse :)
CORNEAU.

Qu’elle est belle !

OSTERWOOD.

Phryné !

LEPAGE.

Galathée !

LIGNIÈRES.

Quelle audace splendide ! (Ils demeurent ainsi quelques instants dans l’ombre, les yeux fixés sur la vision, puis, brusquement, les torchères du retrait s’éteignent. Les hommes se considèrent alors entre eux, gênés, et, dans cette pénombre, se mettent à parler à voix basse, presque en chuchotant.) C’est bien l’adieu d’une artiste qui a toujours été hantée de plastique !

LEPAGE.

Le sculpteur et la forme !…

OSTERWOOD.

Si elle a déchiré le voile d’Isis en notre faveur, Messieurs, et avec le souci de cette mise en scène étudiée, respectons la nudité incomparable et pure qui a bien voulu se montrer à nous avant de disparaître !… Elle a osé ce geste !…

LEPAGE.

Comme pour apaiser nos regrets.

CORNEAU.

C’est vrai… Satisfaire des pensées déjà anciennes.

LEPAGE.

Montrons-lui que nous l’avons compris, n’est-ce pas ?…