Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

OSTERWOOD.

Si vous voulez : À la gloire d’un Cupidon, asiatique… loin du brouillard, et dans la dernière maison où l’on puisse encore invoquer de tels dieux… sans rire !

(On porte le toast. Elle rit nerveusement et laisse tomber ses cheveux sur les épaules.)
THYRA.

Ne faites pas attention à ma gaieté, je suis peut-être un peu grise… (Elle est prise d’un accès de toux.) Quelle heure est-il, Lignières ?

LIGNIÈRES.

Onze heures passées, je crois.

THYRA, (la voix un peu éraillée, brisée, et la respiration oppressée.)

Dans quelques instants viendront les masques blancs que je vous ai promis !… En attendant, camarades… vous qui m’avez tous aimée, ou désirée, vos yeux fixés sur moi me sont une chaude et agréable caresse… J’étais jolie, n’est-ce pas ? Mais, à vingt ans, aucun de vous ne m’a connue… J’étais tellement mieux ! Non, non, ne répondez rien… restez ainsi, silencieux, en groupe… (Tout à coup, grave.) Vous qui vous êtes contentés de me rêver, je veux vous laisser de moi une impression plus durable, je veux que votre souvenir me contienne toute… que vous gardiez l’image de ce qui aura été moi, lorsque je passai parmi vous… Êtes-vous dignes de ma pensée ?… Êtes-vous recueillis, graves, et capables de comprendre cette communion spirituelle ? Il le faut !…

LEPAGE.

Mais, Thyra, à vous voir ainsi agitée, et si