Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çant… j’aimerai me souvenir de ta voix d’alors… quand tu chantais…

MADAME DE MARLIEW.

Ma chérie, ma chérie, que me demandes-tu là !…

THYRA.

Fais l’effort, calme-moi, comme autrefois lorsque j’avais du mal… dans le jardin… Nani-Nani, Mama… Dieu qu’il était maigre, le chien Hotzu !… Tu te souviens ? Chante !…

MADAME DE MARLIEW.

Mes vieilles lèvres ne savent plus ta chanson, mon enfant…

THYRA.

Force-toi ! Pour me faire souvenir, doïca… Rapprends… Comment était-ce donc ? Rapprends…

MADAME DE MARLIEW, (brisée.)

Je ne peux pas. !…

THYRA, (les yeux clos, et donnant aux bras de sa mère le mouvement des berceuses.)

Mais si, mais si, essaie… Berce… avant qu’il neige dans le jardin… berce toujours…

MADAME DE MARLIEW, (avec une vieille grosse voix qui pleure.)

Nani, nani… puiu mami !

(Elle chantonne ainsi les premiers mots de ces chansons qui, dans tous les pays du monde, veulent dire : « Dodo, l’enfant do… » pendant qu’on entend les grelots de la voiture qui remonte et que, de loin, un voiturier crie à travers les branches.)
LE VOITURIER.

Il est tard… On fait dire à ces dames… qu’il est temps de rentrer…


RIDEAU