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OSTERWOOD.

Le viol de notre chère beauté !… Cette femme est une futuriste dangereuse !…

LIGNIÈRES, (se rapproche de Thyra.)

De plus en plus fort !… Vous montez avec nous sur notre yacht ? (Devant l’attitude nouvelle de Thyra, il s’étonne.) Pourquoi penchez-vous la tête ainsi ? Vous êtes souffrante ?

(Thyra ne répond que par un geste qui traduit l’immensité de sa secrète douleur. Allégra s’interrompt de chanter en riant.)
LA PRINCESSE ÉLÉONORE.

Osterwood, vous êtes un misérable d’avoir autorisé ce sacrilège…

OSTERWOOD.

Une chanson de bar sur le tombeau de Sénèque !

LA PRINCESSE ÉLÉONORE.

Taisez-vous, monstre. Avant de repartir, pour nous remettre d’aplomb, je demande un vers virgilien… un vers qui soit né par ici… jadis… dans ces myrtes et ces lavandes…

ALLÉGRA.

Thyra pourrait vous dire les quelques vers qu’elle a composés, l’autre jour, sur le yacht et qu’elle m’a lus ; c’était si joli !…

LA DUCHESSE D’OSQUE.

Tous les talents ! Vous écrivez aussi, Madame.

THYRA.

Allégra se trompe ou se moque. Je ne sais pas écrire les vers ; quelquefois, je jette en prose une impression, car, maintenant que j’ai abandonné la sculpture, j’écris hâtivement mon journal, mes impressions…

OSTERWOOD.

Bah ! sculpture ou littérature, c’est une autre