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LE PHALÈNE





Il arrive que des écrivains coordonnent leurs travaux et leur impriment une direction générale ; ces œuvres sont reliées entre elles par des ramifications cachées ou apparentes. Je sais bien qu’il y a aussi le cas inverse ; des auteurs, même de génie, ont enfanté des œuvres qui n’avaient entre elles que des rapports de sensibilité. On ne peut pourtant pas refuser à un humble auteur dramatique le droit de concevoir d’ensemble et de se dévouer à un plan général ; des romanciers ont pu le faire ; la témérité ne consiste donc pas à avouer un tel but, mais à réclamer du public une vision rétrospective qu’il est en droit de nous refuser. Toutefois s’il advient à quelques-uns, lorsqu’ils écouteront sous peu la Marche Nuptiale, à la Comédie-Française, de se rappeler l’héroïne du Phalène, et, s’ils veulent bien jeter sur elles deux un coup d’œil comparatif, je leur en aurai quelque gratitude… Je me rends compte de mon outrecuidance, en formant ce vœu, car, hélas ! il faut bien que l’ouvrage de ce soir se soumette avant tout au jugement un peu brutal et un peu sommaire, même dans l’indulgence,