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crânement cette jeune fille destinée à tous les bonheurs.

LE PRINCE.

Crânement vous le dites !… Car il se mêle à ce bonheur le sentiment de joie que l’on a toujours quand on fait une niche à ceux qui vous agacent.

LIGNIÈRES.

C’est-à-dire ?

LE PRINCE.

Si vous saviez la véhémence avec laquelle, en Italie, ce mariage est accueilli ! J’entends d’ici les cris de paon de ma famille. Toute l’aristocratie romaine vitupère… On me prédit les pires catastrophes. Vous n’avez pas idée, en France, de ce qu’est la cour romaine… Je suis neveu de cardinal !

LIGNIÈRES.

Oui, je sais.

LE PRINCE.

Eh bien, le cardinalito est en train de se faire zitti (Il siffle.) comme une mauvaise pièce de théâtre. Mais tout cela n’est que réjouissant ; je respecte et j’adore ma fiancée. Elle vaut tous ces petits sacrifices d’amour-propre. Je suis un homme radieux et décidé à être heureux avec la dernière des impertinences !

LIGNIÈRES.

Vous serez comblé.

THYRA, (rentre avec une tasse à la main.)

Voici cette ridicule chose.

(Elle donne la tasse au prince.)
LE PRINCE.

Merci…