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quoi je suis ici. Tu m’avais juré que tout était fini, que tu ne la reverrais plus. Je te croyais. Ce matin, j’ai reçu une lettre anonyme… Vous devez être vendus, vous devez être trahis, sans doute… Une écriture de domestique. (Elle tire la lettre de sa poche.) « Madame, si vous voulez voir partir votre mari pour l’étranger avec une demoiselle, trouvez-vous aujourd’hui, sur les quatre heures, à son bureau. »

ARMAURY, (éclatant de rire.)

C’est idiot.

FANNY.

Marcel, tu allais partir.

ARMAURY, (haussant les épaules.)

Je ne répondrai même pas. Nous sommes dans l’absurde.

(Elle va à la porte du couloir, l’ouvre, et désigne du doigt.)
FANNY.

Alors qu’est-ce que ces deux valises dans le couloir ? Je ne les reconnais pas.

ARMAURY.

Il n’y a aucune raison pour que tu les connaisses. Ce sont des valises qui lui appartiennent. Elle va les reprendre… si tu me laisses deux minutes pour que je la fasse sortir d’ici, sans esclandre, sans même qu’elle soupçonne ta présence. Je crois que c’est ce qu’il y a de mieux, de plus correct.

(Il se prépare à ouvrir la porte du couloir.)
FANNY.

Pas si bête, mon petit ! (Il se retourne.) Je l’ai enfermée. Voici la clef.

(Elle montre la clef qu’elle dissimulait dans une main.)