Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ARMAURY, (fronçant le sourcil.)

M’amour ? qu’est-ce que c’est que ce mot-là ? Je ne te l’ai jamais dit. Qui te l’a enseigné ?

DIANE.

Personne. Il me vient tout seul à la bouche… Les mots d’amour… ça doit venir sans apprendre… Oh ! puis, ce n’est encore rien. Je t’en servirai bien d’autres dans l’auto !…

(Mi-confuse, mi-riante, elle s’écrase contre sa poitrine…)
ARMAURY.

Folle, cynique ! Crois-tu qu’il soit possible de s’aimer plus que nous nous aimons ? Est-ce que nous n’avons pas tout l’amour du monde dans le cœur ?

DIANE.

Je ne sais pas comment sont les amours des autres ; mais tu peux être sûr qu’il ne doit pas y avoir quarante-six Marcel comme toi à tout bout de champ !

ARMAURY.

Et des quarante-six Dianette ?

DIANE.

Crois-tu qu’on a failli l’abîmer, ta Dianette ? On voulait lui couper les cheveux… oui, pour m’enlaidir.

ARMAURY.

Par exemple !

DIANE.

Parfaitement… En voilà bien une idée de couvent, pas ?… Ah ! quand j’ai senti les ciseaux qui se mettaient dedans… j’aurais fait sauter la maison ! Crois-tu, si tu m’avais revue avec les cheveux ras !