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ARMAURY.

Pauvre petit bichon, ne t’occupe pas de cela non plus. D’abord, ma carrière de grand avocat… avec quatre r, ne sera pas brisée pour si peu. Ce n’est pas pour deux ans et quelques mois de nourrice passés à Londres qu’on m’aura oublié au Palais et dans les affaires. Je sais bien que le Conseil de l’ordre se réunira, mais j’en faisais partie ; alors !… Puis les avocats à Londres me recevront très bien, ma réputation me créera là-bas, si je veux, une situation d’affaires très convenable. Tout de même il faut bien avouer que, dès après-demain, dans Paris, ah ! ça va être comme on dit dans tous les styles, ça va être « un rude pétard ». Quand on va apprendre ma fuite avec une petite fille du monde, de dix-huit ans !

DIANE.

On le tiendra peut-être caché ?

ARMAURY.

Les fuites de Varennes ne sont jamais cachées. Nous allons laisser quelques sillages de bruit derrière nous.

DIANE.

Bah ! ce n’en est que plus amusant.

ARMAURY.

Tu es féroce de gaieté ! Mais, il n’y a pas à s’illusionner : je suis sous le coup d’un référé.

DIANE.

À l’étranger, ça existe encore les référés ?

ARMAURY.

Certes ; mais comme c’est beaucoup plus com-