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Madame. Soyez sûre que nous vous plaignons de vivre à côté… (Les mots de haine jaillissent comme malgré lui de sa bouche.) d’un pareil forban, de ce gibier de correctionnelle !

MADAME ARMAURY, (avec un haut-le-corps instinctif.)

Laissez-moi me retirer, Monsieur. Quelle que soit sa faute, quoi qu’il ait fait, je ne puis oublier que c’est mon mari, et que je porte son nom… Permettez-moi de m’en aller… (Elle salue avec dignité. La duchesse l’accompagne à la porte.) Oh ! Madame, pour la dernière fois que je franchis votre salon, je vous en prie, ne m’accompagnez pas. Le geste serait de trop.

LA DUCHESSE.

Mais si, comme d’habitude… C’est au moins nécessaire pour nos gens… pour la domesticité…

MADAME ARMAURY.

Dans ce cas !… (Elle se retourne.) Adieu, Monsieur.

(Aussitôt qu’elles sont sorties, le duc se précipite à la porte de gauche par où est sortie Diane.)
LE DUC, (dans le couloir, appelant d’une voix courroucée.)

Diane ! Diane !… Où es-tu ? Arrive ici, arrive ! Ah ! tu étais là !… Tu n’étais pas dans ta chambre… tu écoutais aux portes, n’est-ce pas ? Je t’y prends !… (Il pousse violemment Diane devant lui.) Comment t’es-tu permis d’entrer ici, tout à l’heure, quand je t’avais donné l’ordre de monter chez toi ?

DIANE.

Mais, papa, c’était pour l’aquarelle.

LE DUC.

Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai !… Tu ve-