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fois, une seule fois, entendez-vous, à revoir ma fille, ou à correspondre avec elle !…

MADAME ARMAURY.

Je l’ai promis, soyez sans crainte.

LE DUC.

Ce n’est pas tout. Que jamais un mot, un sous-entendu ne lui échappent… pas une parole qui puisse compromettre sa victime.

MADAME ARMAURY.

De ce côté, je pense que vous n’avez rien à craindre.

LE DUC.

Sait-on jamais ?… Il ne lui reste qu’à ajouter la vantardise à l’infamie… Une Charance, c’est flatteur !

MADAME ARMAURY.

J’obtiendrai tout cela, c’est peu. Mais, à votre tour, je vous en supplie, Monsieur, promettez-moi le silence. Que rien ne puisse atteindre notre honorabilité, notre situation. Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai des parents.

LE DUC.

Nous devons tirer, Madame, les uns et les autres, les mêmes avantages du silence, si nous l’observons rigoureusement.

MADAME ARMAURY.

C’est ça… c’est ça… Je vais rentrer. Oh ! je ne sais vraiment plus où j’en suis !… Ce que la vie nous réserve tout à coup (À Madame de Charance.) Je ne peux pas vous dire, Madame, combien j’ai honte pour mon mari, combien je suis navrée de vous avoir amené cet homme, car, enfin, je suis res-