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descende comme elle est. (Ketty sort.) Vous allez lui annoncer son éloignement projeté ?

LE DUC.

Non, pas encore. Nous avons avant à régler quelques points d’histoire.

LA DUCHESSE.

Oh ! vous n’en obtiendrez pas plus de moi, Amédée. Sans que nous nous en doutions, notre fille avait une nature effroyablement dissimulée.

LE DUC.

J’aurai peut-être plus d’empire. Vous paraît-elle se rebeller ?

LA DUCHESSE.

Non, je ne le suppose pas.

LE DUC.

Mais enfin, avez-vous observé chez elle une notion de repentir ? Se rend-elle un compte exact de sa faute ?

LA DUCHESSE.

Oh ! je crois, je crois… je l’espère… Peut-être est-ce la peur qui la fait se taire, la honte surtout… Peut-être redoute-t-elle votre châtiment envers Armaury.

LE DUC.

En tous les cas cette situation est intolérable. Ce silence inadmissible aggrave singulièrement sa faute à nos yeux. Oh ! je n’augure plus rien de bon d’elle ! Je vous le dis, c’est une enfant perdue. Il faut en prendre notre parti, Gabrielle… Mais il est temps néanmoins de rassembler nos forces et nos résolutions. Tout cela va se précipiter… À quelle heure, déjà, avez-vous convoqué Madame Armaury ?