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elle un petit deuil, une humiliation significative… J’ai vu employer cette pénitence avec efficacité… Coupez-lui les cheeux à ras d’épaule.

LA DUCHESSE, (se levant en sursaut.)

Quoi ?… Monsieur l’abbé… y pensez-vous ? Ses beaux cheveux dont elle est si fière !… Mais, d’abord, j’aurais peur de la défigurer… Le coiffeur qui venait les soigner tous les deux jours !…

LE DUC, (haussant les épaules.)

Tenez ! Voilà ma femme ! Quand je vous le disais, Monsieur l’abbé ! Dès le premier essai de répression !… C’est lamentable… quelle puérilité !

L’ABBÉ.

Allez, allez, Madame, ce n’est pas encore le couteau d’Abraham ! Et il n’y aura pas besoin d’un ange pour retenir votre bras… Ce léger crime ne vous sera pas compté dans le ciel !… Puis, ce que j’en dis !… Croyez bien que de telles pénitences n’ont qu’une importance bien secondaire dans l’occasion… (Il lui reprend les mains.) À tout à l’heure. Je pars navré, et je ne puis, sur le seuil, m’empêcher de me rappeler la parole de l’Évangile : « Ne scandalisez pas les enfants. » Je ne sais pas de crime plus méprisable !… Ah ! la pauvre petite !…

LA DUCHESSE.

À ce soir, Monsieur l’abbé. Nous ne comptons désormais que sur vous.