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à merveille, c’est un couvent en Belgique, à Lodelinsart ; je connais très bien la supérieure, une personne de grand mérite. Ce sont des personnes qui ont l’habitude… des sortes d’épouilleuses d’âmes. Pris à l’improviste, je ne puis vous dire au juste s’il y a mieux, mais je vais consulter l’autorité épiscopale. Si vous le voulez, je puis y aller de ce pas, et dans deux heures je vous rapporterai une réponse, car le temps presse. Je crois qu’il ne faut pas laisser cette chère enfant, escompter votre faiblesse. Il faut tout de suite frapper son esprit et la mettre en présence d’une résolution qui l’éclaire sur la gravité de sa faute. Et vous, Madame la duchesse, dans vos rapports avec elle, je ne réclame pas l’attitude du châtiment, mais l’expression même de votre indignation douloureuse. Comprenez-vous ? Frappez cette imagination égarée par un acte important, décisif, et surtout austère… sinon elle est peut-être perdue.

LA DUCHESSE.

Qu’en pensez-vous, mon ami ?

LE DUC, (qui a donné à plusieurs reprises des signes d’assentiment et ponctué de « bien » les paroles de l’abbé.)

Moi !… Parbleu, c’est la sagesse même ! La confiner dans une solitude où elle puisse revenir de son égarement, et où mourra jusqu’au souvenir de cet homme !… Je redoute tout… Monsieur l’abbé a parfaitement raison, nous ne pouvons pas trouver un meilleur guide ni un meilleur conseil.

L’ABBÉ.

Vous ne pouvez pas en trouver un de plus dévoué, en tout cas, Monsieur le duc. Si vous me confiez la garde morale de la chère petite, je