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bien, je le crois, ce qui s’impose, c’est une réforme totale ; il faut l’amener à une rectitude qu’elle ne soupçonne même pas… afin qu’elle ne glisse pas à l’abîme. Ce n’est pas vous, avec votre train d’existence, qui parviendrez à rééduquer une enfant fantasque et gangrenée.

LE DUC.

Alors que voulez-vous que nous fassions ?

L’ABBÉ.

La mettre dans un couvent pendant deux ans, jusqu’à sa majorité à peu près. Oh ! mais je ne veux pas parler d’un couvent mondain comme étaient à Paris l’Assomption, le Sacré-Cœur, comme ces dames de la rue de Lubeck où vous l’aviez mise quelques mois ; ce qu’il faut, c’est une maison de retraite où elle sera censée finir son éducation à l’étranger, pour apprendre l’anglais par exemple, et où non seulement elle sera très surveillée, mais où encore l’influence d’une femme supérieure saura lui montrer, par une discipline de l’esprit, le droit chemin, et, peu à peu, obtenir le plus salutaire développement des forces qui sont encore en elle, j’en suis sûr… j’en répondrais.

LA DUCHESSE.

Mon Dieu, Monsieur l’abbé, vous ne voulez pas parler d’une sorte de maison de correction !

L’ABBÉ, (souriant.)

Vous n’y pensez pas ! Non, non ! quelle plaisanterie ! Je vous parle d’un de ces couvents comme le couvent de Picpus ; mais celui-là, malheureusement, ne reçoit plus de jeunes filles, il n’est pas autorisé. Et d’ailleurs il n’était pas assez éloigné de chez vous… Je crois que ce qui conviendrait