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choque, ma chère amie !… Je me laisse aller simplement à cette sensation toute nouvelle et charmante qui roule dans ma tête et qui m’arrête le pouls… Je ne veux rien… ou plutôt, si… si… je n’ai plus qu’une idée… vague… que je me répète tout le temps. Celle-ci : « Il faut que je lui dise… Il faut que je lui dise ! »

ROSETTE.

Ce n’est pas très intelligent.

ADRIENNE.

Ah ! ma chère, c’est ça qui m’est égal ! Si tu m’interroges dans l’espoir que je vais te dire des choses intéressantes… Je le dis tout cru, comme ça vient !… Et, d’abord, c’est toi qui es bête…

ROSETTE.

Moi ?

ADRIENNE.

Oui, c’est toi qui es pourrie de lectures !… On n’est intelligent que quand on est calme, sache-le.

ROSETTE.

D’abord je n’ai pas voulu te vexer… Tu es très intelligente, et justement voilà pourquoi je voudrais que tu réfléchisses avant de faire une sottise grave… Tu comprends, c’est mental, ce que tu éprouves… Ne pourrais-tu pas garder tout cela pour toi ?… Est-il bien nécessaire de mettre ce Monsieur au courant des sensations qu’il t’inspire ? Lui as-tu déjà parlé de façon à ce qu’il puisse se douter ?

ADRIENNE.

Très peu… Il ne comprend pas un seul mot de français.