Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’OMBRE, (l’a suivi.)
Et puis voici le thé ! Le thé blond que mes doigts
délicats t’ont tendu tant de fois… Laisse-moi
t’aider à le verser dans la tasse qui fume.
Oh ! le thé blond ! — je l’aimais faible, — que l’on hume
dehors, près du massif de buis, tu te souviens ?
Tu le prenais de mes doigts fins, tu m’aimais bien…
Laisse-les t’effleurer encor comme autrefois.
Avant de t’éloigner, embrasse-moi les doigts.
(Son geste lui effleure les lèvres. Puis, la tasse en mains, il s’éloigne.)
ELLE, (qui pique des épingles dans les coussins.)
Quel charme ! La délicieuse intimité
bourgeoise ! Coin du feu, pantoufles… crème… thé…
LUI, (venant à elle et tendant la tasse.)
N’est-ce pas ?
ELLE, (lui jette une fleur au visage.)
Cependant que l’heure passe… passe !
LUI.
Voulez-vous un soupçon de lait dans votre tasse ?
ELLE, (ironique.)
Mais ne renversez rien surtout. Prenez le temps !…
L’OMBRE.
Allons,
je viens à ton secours.
LUI, (à elle, lui tendant la tasse.)
J’ai pris le temps !
(Elle trempe les lèvres dans la tasse.)