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Scène II


L’ABBÉ ROUX, LE DUC DE CHARANCE

L’ABBÉ.

Je viens d’être rassuré par votre secrétaire. Je ne savais que penser au reçu de ce télégramme, je me demandais s’il ne s’agissait pas d’un accident, si on ne me réclamait pas pour une circonstance fâcheuse…

LE DUC.

Vous ne vous trompiez pas beaucoup, Monsieur l’abbé. Il s’agit d’une mort morale, peut-être aussi terrible qu’une mort physique… des deux même. C’est un véritable deuil qui s’abat sur ma maison et je ne m’en remettrai sans doute jamais.

L’ABBÉ.

Que se passe-t-il ? mon Dieu… vous m’effrayez.

LE DUC.

Une question : n’avez-vous rien remarqué, dans vos rapports avec ma fille ?… rien d’anormal ?

L’ABBÉ.

Absolument rien : je vous avouerai, oh ! sans aucun reproche, que je ne vois plus que de loin en loin Mademoiselle Diane. Je ne me permettrai pas d’incriminer la direction de Madame la duchesse ; je sais bien qu’une jeune fille mondaine de nos jours, hum ! hum !… J’ai beaucoup dirigé cette enfant jusqu’à sa première communion, mais, après, on s’est fort relâché du côté religieux. Elle venait remplir ses devoirs à Reuilly et, certainement, à Pâques, je l’ai confessée comme à l’ordinaire.