n’est-ce pas ?… follement… au milieu de ces fleurs
complices, de ces étoffes fraîches, semées
d’odeurs, pliées encore à votre forme, heureuses
d’être vous, de servir de cadre à vos baisers…
Oh ! les coussins tassés, l’odeur lourde et flâneuse
des divans, un sillon qu’une forme a creusé,
Une volupté triste et belle qu’on emporte.
Mais c’est tout l’amour ! Le reste n’est que fou, bête,
illusoire… Allons donc ! puisque je vous répète
qu’elle est partie, qu’elle est pour moi comme une morte !
Comment voulez-vous qu’un souvenir s’insinue
ici ?… tout l’étouffe, le repousse, le tue !
Enfin ! Je suis débarrassé de ce fantôme
pour avoir déposé mon front dans vos mains nues.
Ah ! mais c’est qu’il y a derrière ce front d’homme
un cerveau plus fiévreux encore que le front !
Il est inquiétant. C’est un cerveau qui crée.
Ce soir vous êtes étrangement énervé,
ami !
C’est que je sens que nous nous aimerons,
et que nous sommes bien enfermés, sans personne,
sans importunité, bien seuls, tout seuls… Quel mot
charmant : seuls ! N’est-ce pas ? Comment cela résonne !
Répétez.
Seuls !
Et maintenant ce mot
charmant, ayant autour de nous tout balayé,
tout préparé pour l’autre, le vieux mot suprême
et doux… laissons-le donc venir enfin…