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ARMAURY, (croisant les bras.)

À votre guise !…

GASTON.

Sinon, il n’y a pas de protestations assez fortes pour exprimer à quel point je suis décidé. Perds tout espoir, Diane. Votre amour est sans issue. J’ai déposé ce revolver, cela veut dire simplement que je ne suis pas à des heures près. Où que ce soit, Monsieur, demain, un autre jour, n’importe, je vous certifie que je ne vous raterai pas.

ARMAURY, (haussant à nouveau les épaules.)

Entendu !… Entendu !… Mais pour aujourd’hui, hors d’ici !…

(Il semble qu’il va l’empoigner de toute la force de sa colère contenue.)
DIANE, (hors d’elle-même, éperdue, désignant Gaston.)

Ah ! il le fera comme il le dit ! Je le connais !… Mais il faut l’empêcher !…

FANNY, (qui s’était dissimulée dans le fond de la pièce, gravement, simplement.)

Non, il ne le fera pas !… Et c’est moi, la femme… la femme légitime, qui le dis.

ARMAURY.

Fanny !… Ah ! pas toi !… pas toi !…

FANNY, (en s’avançant, à Gaston.)

Mais vous ne voyez donc pas, vous ne comprenez donc pas que, pour que je leur fasse grâce à tous deux, moi, et qu’en un moment pareil j’ose vous dire : « Laissez-les, laissez-les », il faut pourtant bien que ce soit cela la vérité ! Aucun crime d’amour ne vaut la mort… Vous êtes trop jeune pour le savoir… Allons-nous-en, Monsieur ! Al-