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de tous les égoïsmes, affleure par moments, dans des gestes grandioses, chez les simples comme chez les compliqués, l’idée même de l’amour. L’amour c’est la lumière splendide de la vie, ce que l’homme porte en lui de plus merveilleux, l’amour qui s’échappe de lui parfois comme un cri de protestation en face de toutes les lois inéluctables de la nature et de toutes les fatalités dont nous sommes les esclaves !

En tout, dans l’ordre social comme dans l’art lui-même, il appartient à l’avenir de retourner aux sources fécondes de l’instinct, de la justice, et de la sincérité.

La Vierge folle est mon personnage secondaire, mais comme il est déterminant de tout le drame, j’ai cru devoir lui donner les honneurs du titre. D’autant plus que la parabole du banquet des Vierges folles et des Vierges sages fait partie intégrante de l’anecdote et de l’idée. Pourtant je regrette presque de n’avoir pas donné le titre qui aurait le mieux éclairé la pièce ; par sa simple gravité il me séduisait : l’Épouse. La femme dans le sens le plus élevé et le plus spiritualiste, pas dans le sens juridique ni administratif, mais dans celui qui lui est nettement attribué par un ancien texte dramatique du XIVe siècle qui, posément, met en scène les Vierges sages et les Vierges folles, attendant le Sauveur. Cette ode lyrique et liturgique, écrite en strophes alternées latines et françaises, s’intitule : Le Mystère de l’Époux. Elle nous fait assister au châtiment des Vierges folles.

Ne pouvant réunir les deux mots en un seul titre, je me suis décidé à donner le pas à l’épouse