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à Londres ? Je croyais n’avoir affaire qu’à Gaston de Charance ; je présumais bien aussi que le père devait être là, mais votre présence me laisse supposer…

L’ABBÉ.

Encore une fois, que vous importe, Monsieur ? Vous avez été suivi, rejoint, — que vous importe par qui ? Monsieur Gaston de Charance et son père m’ont prié de les accompagner ; je me suis dégagé de tous mes devoirs professionnels pour ne pas manquer une occasion que je jugeais, nécessaire… oui, nécessaire… Monsieur Armaury, il faut que je vous parle, et, quand vous m’aurez entendu, je crois que vous ne persisterez pas dans votre résolution ni dans vos actes ; je le crois fermement…

ARMAURY.

Et qu’est-ce qui vous le fait supposer ?

L’ABBÉ.

La douleur, Monsieur Armaury, la douleur… Oh ! je ne me mêle que de ce qui me regarde ; ne croyez pas qu’une seule fois, je ferai allusion à Madame Armaury… Vous avez pris, dans votre vie privée, telles déterminations que vous avez voulues… Moi, je ne suis ici que pour représenter les intérêts (Mouvement d’Armaury.), la détresse, en tout cas, de la famille à laquelle mon attachement me lie, et que vous venez de plonger dans une affliction que vous ne pouvez imaginer. Non, en vérité, Monsieur, je vous assure, vous ne l’avez pas imaginée ; sans quoi votre cœur aurait hésité, votre cœur aurait maintenant le mouvement spontané qui répare et qui efface. La plupart des actions néfastes que l’on commet viennent de ce qu’on ne s’est pas assez vivement représenté leurs