Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confiance. Un amoureux guettait ! Malgré toutes ses promesses de silence, cette fille avait averti son amant de notre fuite ; l’homme a voulu s’opposer au départ de sa maîtresse, et il a tenté le coup des lettres anonymes pour faire échouer la combinaison. Il y a presque réussi… Ç’a été effrayant !… Quelles transes nous avons éprouvées ! Enfin, depuis cette évasion à demi ratée, je suis devenu défiant et plein d’anxiété… Pardonnez-moi, j’aimais mieux être arrivé à l’endroit même où a été fixé ce rendez-vous pour vous en donner le vrai motif… j’ai eu tant de peine à le cacher à Dianette !… Asseyez-vous là… Je ne pouvais pas refuser, et savez-vous pourquoi ?… Parce que, hier, j’ai déclaré à deux témoins, que m’avait envoyés Gaston de Charance au Savoy-Hôtel, que je ne me battrais pas.

LE SECRÉTAIRE.

Comment, deux témoins !… Il vous a provoqué ?… et sur ce territoire étranger ?

ARMAURY.

Et j’ai refusé de me battre.

LE SECRÉTAIRE.

Vous avez bien fait…

ARMAURY.

Oh ! c’est vite dit… Je ne peux pas me battre, en effet, je ne le peux pas à cause de cette enfant que j’adore au delà de tous les termes que je pourrais employer pour vous l’exprimer… Je ne veux pas de ce drame de famille, et je ne veux pas non plus être tué, c’est bien simple… Elle a besoin de ma vie, il m’est interdit de l’exposer actuellement. Mais cette lâcheté apparente qui est, au fond, une forme d’énergie, c’est dur, vous savez,