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LE GARÇON.

Parfaitement, Armaury… C’est tout, Monsieur ?

ARMAURY.

C’est tout.

(Il reste seul avec son secrétaire.)
LE SECRÉTAIRE.

N’y a-t-il pas quelque crânerie de votre part, mon cher maître, à avoir accepté ce rendez-vous à Greenwich ? En somme, pourquoi ne l’a-t-on pas demandé ou fixé à l’intérieur de Londres ?

ARMAURY.

J’ai été forcé d’accepter ce rendez-vous, j’y ai été moralement obligé, je vous assure. Mon ami, si je vous ai fait venir de Paris, vous pensez bien que ce n’est pas seulement pour vous confier quelques notes sur nos travaux en suspens à Paris… Si lourde qu’en soit pour vous la charge, nous avions tout le temps !… Maintenant que nous avons franchi le seuil de cet hôtel, et que nous ne pouvons plus reculer, maintenant que vous ne pouvez plus faire d’objections, ni même, au cas où vous l’auriez cru bon, avertir ma chère Dianette, je peux enfin vous parler à cœur ouvert…

LE SECRÉTAIRE.

Comment, vous supposiez que je vous trahirais ? que je parlerais à Mademoiselle de Charance ?

ARMAURY.

Ah ! c’est que j’ai été à dure école !… Si nous avons été pourchassés, rejoints, et si nous avons eu un mal du diable à nous échapper de Paris l’autre jour, c’est à cause de l’indiscrétion d’une femme de chambre, en qui nous avions pleine