Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FANNY, (à Gaston.)

De quel côté allez-vous ?… Nous vous déposons.

GASTON.

Oh ! ne prenez pas la peine de me remettre sur mon chemin… nous n’allons pas du tout du même côté, je rentre à la maison…

FANNY, (prenant sur la table un papier.)

N’importe… nous vous déposerons. Avant permettez que je demande un renseignement à mon mari sur une phrase qui ne me paraît pas très claire… une phrase qu’il m’a dictée…

GASTON.

Faites… faites… je vous en prie…

FANNY, (haut, s’éloignant de Gaston, après avoir pris des feuillets sur le bureau.)

Marcel, tu m’avais demandé de relever une citation… C’est un peu confus. Ici… (Fanny attire son mari en tenant la feuille à la main. Elle s’assure du regard que Gaston est occupé à regarder discrètement un vérascope qui traînait sur la table. Et alors, grave, tout en ayant l’air de parcourir le feuillet…) Écoute… écoute bien… voici la clef… Réfléchis à l’importance de ce que je fais en te la donnant… Je pourrais aller lui ouvrir moi-même… la laisser descendre… eh bien, non… Je fais ce que tu me demandes, je te donne la clef… (Elle le regarde fixement.) Marcel, réfléchis bien, tu es libre… C’est à toi d’agir selon ta conscience.

(D’un geste simple, elle lui tend la clef.)
ARMAURY, (bas, sans sourciller.)

Donne… (Il prend la clef.) Empêche-le seulement d’aller à la fenêtre pendant quelques ins-