Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SELLIER.

Parbleu, elle est de dos sur la toile !

LAFARGUE.

C’est un ancien modèle qui a posé un peu partout… Je l’ai vue chez Collat-Rossi… Il est avec elle depuis deux ans… Elle s’appelle Lolette ou Loulette… t’as pas connu ça ?

DUMAS.

Non, elle n’est jamais venue chez moi… Elle est gentille… Oh ! mais, attends… est-ce qu’elle n’a pas posé pour Picard ? Il me semble reconnaître…

LAFARGUE.

Oui, parfaitement… il faisait des sphinges avec elle… tu sais, sur fond d’outremer ?…

DUMAS.

Elle a du caractère… J’aime bien ces gueules-là…

LAFARGUE.

Et elle porte une robe comme nous en faisions porter à nos petites amies, il y a dix ans, en plein Botticelli, avec six mètres d’étoffe Liberty…

DUMAS.

Oui, ça retarde un peu, le petit béguin avec des giroflées. Ça nous rappelle notre jeunesse, hein ?… l’ouverture du Champ-de-Mars… Les symbolards… les pipistes…

SELLIER.

Ah ! les pipistes !… Ah ! oui, les pipistes !… nous l’ont-ils assez monté le coup, autrefois !… Tout ça c’est crevé, heureusement !