Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Il désigne quelque chose dans l’ombre.) Ces couples dans les allées, une bribe de phrase entendue… une jupe qui fuit… Et voilà… De ville d’eaux en ville d’eaux, des Alpes à la mer, du Rhin aux palaces du Caire, c’est toujours la même chose, le bruissement des espèces, leur besoin de se renouveler, de détendre leur ankylose.

GRÜZ, (bas.)

Est-ce que vous ne le trouvez pas un peu raseur ?

JEANNETIER.

Comme tous les officiers de marine, un peu raseur et distingué… (Deux feux de Bengale se sont allumés par-ci par-là. Une brusque lueur verte éclaire leurs trois dos.) Tiens ! nous voilà maintenant éclairés en vert, on se dirait devant des bocaux de pharmacien. Mais, ma parole, on nous a allumé un feu de Bengale dans le derrière !…

GRAVIÈRE.

Oh ! c’est au moins au grand arbre, à droite, là, je le parie. (Il se lève et se dirige vers les sapins.) C’est même plus loin derrière les massifs.

(On entend un grand éclat de rire prolongé.)
JEANNETIER.

Oh ! mais, qu’est-ce que vous avez déniché, quelle gaieté ! Qui rit aussi fort ? Vous avez dérangé ça, derrière les arbres, amiral ?

GRAVIÈRE.

Je ne sais pas… probablement !