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LOLETTE.

Je n’ose pas… Vous avez un regard bleu, madame, si intimidant, si… gênant…

LA PRINCESSE.

Voulez-vous que je regarde ailleurs ?

LOLETTE.

Non, tenez, comme ça, j’oserai… (Elle met subitement sa tête dans ses mains, et se met à parler d’une petite voix émue et tremblante.) J’aime Pierre, madame, comme personne au monde ne pourrait le croire… Lui, c’est toute ma vie… Alors, la femme qui voudrait me prendre son cœur commettrait une action affreuse… horrible…

LA PRINCESSE, (l’interrompant en riant.)

C’est cela que vous vouliez me dire ? Ôtez donc vos mains de là, petite, voyons !…

LOLETTE.

Dieu que c’est bête !… Je vous demande pardon… Je sens que je n’aurais pas dû !

(Elle se détourne confuse.)
LA PRINCESSE.

De fait, je pourrais me fâcher et vous tancer d’importance ! Savez-vous bien qu’on n’a jamais eu l’audace de me parler de la sorte ?… Mais, rassurez vous… je trouve au contraire gentil, tout plein, cette manière de dire les choses simplement. C’est original, au moins !… Vous êtes un amour.

LOLETTE.

Il faut m’excuser… Pierre et moi, nous nous ai-