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LA FEMME DE CHAMBRE, (revenant.)

Il commence à pleuvoir… Madame veut-elle que je sorte un parapluie, des couvertures, pour traverser jusqu’au train ? Il n’y a pas de marquise.

ROSINE.

Non… passez devant… (On voit le mouvement de quelques gens, de dos, sur le quai.) Ah ! je ne peux plus ! Je ne peux plus, moi !

(Elle suffoque.)
POLICHE.

Allons, il faut nous séparer ici ! Ça vaut mieux. Je ne t’accompagne pas jusqu’au wagon.

ROSINE.

Pourquoi ?

POLICHE.

Non ! les hommes qui pleurent, tu sais, ça fait rire… Et puis, les adieux, les gens qui passent… j’ai horreur de ça… Voilà le train.

ROSINE.

Didier…

(Elle se lève, ils se lèvent tous les deux.)
UN EMPLOYÉ, (dehors, crie.)

Pour Paris, en voiture ! En voiture !

POLICHE.

Tiens, n’oublie pas ton petit sac… Allons, un dernier sourire, Rosine… Adieu, ma vie !

ROSINE.

Non, non, ne dis pas ça ! À tout de suite !