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mérite de la discrétion ; il s’est vanté de moi à tout Paris… peut-être à tout Lyon !… comme d’une bonne fortune facile !… Je me suis galvaudée, oui ! Et voilà tout ce que j’ai gagné à cette amitié-là !…

BOUDIER, (indigné.)

Oh ! oh ! c’est abominable ! De toute autre personne, madame, je ne tolérerais pas de semblables paroles !… Justement, quand j’ai encore dans les oreilles ce que je viens d’entendre !

ROSINE, (déchirant son mouchoir, des larmes nerveuses aux yeux.)

Aussi, pourquoi m’agacez-vous, vous, c’est vrai ! Qu’est-ce qui vous demandait de me faire mousser votre compatriote ?… Et je ne suis pas injuste, d’ailleurs, dans mon jugement ! Je suis seule, très seule, monsieur, au milieu de tout ce bruit que font mes soi-disant intimes. C’est vrai !… Poliche, un appui ?… Allons donc ! Quand j’ai du chagrin, comme c’est mon cas en ce moment, est-ce que vous croyez que c’est lui qui me consolera, qui me comprendra ?…

(La voix mouillée s’attendrit sur elle-même.)
BOUDIER.

Mais oui ! Mais oui !

ROSINE.

Rigoler, oui, toujours ! Il faudra encore que je soutienne le feu de ses plaisanteries insupportables, l’étalage de tout son ballot d’insanités, dont il devrait bien, entre parenthèses, me dispenser ce