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POLICHE.

Jacques ! Quelle drôle de sensation que celle de perdre une maîtresse ! C’est la première fois que ça m’arrive ! On sent mieux tout… on est plus ami avec les choses… on est très malheureux et l’on ne sait pas pourtant si ce n’est pas du bonheur… Cela donne une langueur à la vie, extraordinaire. C’est comme si l’on s’ouvrait les veines… c’est doux… c’est doux… Ah ! bien, il est frais, ton ami Poliche, il est frais !… (On entend sonner trois coups précipités à la porte d’entrée.) On sonne. C’est elle ! Passons vite dans ma pièce réservée… Nous finirons cette conversation… (Lui prenant vivement l’épaule.) Et toi ?… Avec tout ça, je ne t’ai même pas demandé… Ta femme va bien ?…

BOUDIER.

Je te remercie !… Figure-toi que le petit, cet été…

(Ils sortent à gauche.)


Scène V


ROSINE, AUGUSTINE, puis la FEMME DE CHAMBRE

On entend la voix furieuse de Rosine.
VOIX DE ROSINE.

Ça m’est égal ! Ça m’est égal ! Ça m’est égal ! (Elle entre du fond, suivie de la femme de chambre.) Je vous dis que ça m’est égal !… Vous n’avez qu’à obéir quand je vous donne un ordre… Votre ser-