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puisque mon amie a trouvé bon de vous amener, il faut que vous l’entendiez comme je le pense…

CLAUDE.

Faites donc, faites donc… madame ; c’est trop naturel… J’ai bien dit, croyez-le, à Mademoiselle de Plessans, qu’il était préférable de ne pas l’accompagner… Je connais les convenances.

SUZANNE.

Il ne s’agit pas de convenances, monsieur. Si je m’occupais des convenances, croyez bien que je ne vous recevrais même pas et que j’aurais déjà trouvé moyen de mettre un terme à cet entretien ; mais il s’agit d’une amie qui m’était chère à plus d’un titre, à laquelle je porte le plus vif intérêt. Mon devoir est donc de dire toute ma pensée… Je n’ai pas à juger les pressions qui ont pu agir sur son jeune cerveau… mais elle se crée là une situation si lamentable que je devrais mille fois l’en avertir, s’il y avait seulement une chance de la dissuader à temps… Je ne crois pas que ce soit le cas…

CLAUDE.

Oh ! madame, vous ne le lui direz pas plus que je ne l’ai fait moi-même… La gêne, peut-être la misère… tout cela je l’ai fait valoir à ses yeux.

GRÂCE, (se levant vivement.)

M. Morillot est à couvert, Suzanne. Il n’est pour rien dans cette fuite… C’est moi qui l’ai contraint à partir, au contraire. Il ne voulait pas, pour moi, s’y résoudre… Je revendique toute la responsabilité…