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RICHARD, (l’interrompant.)

Maman… comprends-moi… Tu n’iras pas… tu n’iras plus jamais aux Granges…

IRÈNE.

Je…

(Elle le regarde, effarée ; elle suffoque. Elle essaie de parler ; devant le regard de son fils, elle ne peut pas. Elle tombe sur une chaise contre la table, la tête dans ses coudes.)
RICHARD, (émotionnel cherchant ses mots.)

Je n’ai pas à te juger… Un fils ne juge pas sa mère. Rien de ta vie ne me regarde… J’ai voulu seulement t’avertir… Je ne t’aurais, je crois, jamais rien dit… mais vraiment, l’affront que tu viens de me faire… ah ! c’était trop ! Il faudrait être de marbre ! Il y a près d’un mois que je garde seul ce secret… Il ne sortira pas d’entre nous, je te le jure… Tu peux être tranquille, mon père ne s’en doutera jamais… Il faut qu’il ne s’en doute jamais.

IRÈNE.

Ah ! mon pauvre Richard ! mon pauvre enfant !

(Elle pleure maintenant, la tête enfouie : on n’entend que ses sanglots dans le silence.)
RICHARD.

Je n’ai pas autre chose à te dire… voilà.

(Il se dirige vers la porte.)