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Alors, vraiment, pas de cognac ! (Il boit.) Créature pas banale, cette femme que vous suivez, Excellence…

NEKLUDOFF.

C’est une malheureuse… on l’a condamnée injustement.

L’OFFICIER.

Oui, il y en a de très gentilles… À Kazan, laissez-moi vous raconter ça, j’en ai connu une, une nommée Emma, elle était hongroise d’origine, mais elle avait des yeux de persane et du chic, comme une vraie comtesse…

(Pendant ce temps, la scène s’étant vidée, il ne reste plus que Simonson qui tape avec un marteau sur un vieux poêle. Tout d’un coup, il s’est rapproché de Nekludoff, et lui dit sans souci d’interrompre l’officier.)
SIMONSON.

Je désirerais vous parler… Pouvez-vous maintenant m’accorder un instant d’entretien ?

NEKLUDOFF.

Mais sans doute !

SIMONSON.

Seul ?

NEKLUDOFF.

Seul. (Il se retourne vers l’officier.) Vous permettez… J’ai un mot à dire en particulier à cet homme.

L’OFFICIER.

Mais comment donc ! Je vais finir ma cigarette