Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

réserves, des désapprobations, mais elle n’est plus de parti pris ; elle ne vit plus dans l’aberration de l’ignorance où on l’entretenait. Je crois à la grande foule. Je crois à l’admirable sincérité qu’elle met à ratifier ses erreurs ou ses injustices ; j’en ai eu la preuve. L’auteur, en tout cas, n’a fait aucune concession dans les pièces qui ont suivi ; au contraire, elles ne se différencient guère des précédentes que par plus d’âpreté ; et le succès de celles qui avaient jadis rencontré le plus de résistance m’est garant que toute sincérité porte en elle son châtiment momentané et sa récompense future. Simple et mathématique constatation qui s’est répétée de génération en génération et qui peut, aux jeunes gens, servir de nouvel exemple. À force de se répéter dans l’histoire des lettres et des arts, cette expérience prendra peut-être un jour la valeur d’une loi générale.

Un éditeur ayant eu la pensée de réunir les différents feuillets de route que l’auteur avait disséminés au hasard, je crois que le meilleur parti à prendre est de les transcrire ici, en toute sincérité et tels qu’ils furent brouillonnés au fur et à mesure de la bataille littéraire. Les notes qui suivent n’ont donc qu’un intérêt restreint et tout documentaire. Ce sont des réflexions « d’avant-premières » qui parurent, éparses, dans différents quotidiens ou revues. On les a conservées et même groupées ici, non point parce qu’elles servent de commentaires à des ouvrages désormais jugés, mais en raison de quelques points de doctrine qu’il n’était peut-être pas absolument inutile de soustraire à l’oubli.

Décembre 1916.