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exposé tout à l’heure les raisons artistiques, en définissant les lois constitutives du théâtre, et en posant les préliminaires d’un catéchisme théâtral qu’il serait intéressant d’établir plus complètement…

Laissons ici ces doublures sans agrément, si le rôle qu’elles jouent dans l’organisation générale est indispensable, mais dissimulé, ce n’est pas pour que je m’y appesantisse aujourd’hui. Les principes de l’auteur sur ce chapitre n’ont pas varié, d’ailleurs, depuis le premier jour où il écrivit : « S’il est nécessaire que le drame comporte une idée, des idées, la pensée pour le public doit être chose facultative. Il faut qu’une œuvre vaille par elle-même. Les idées, c’est pour nous, c’est un travail en dehors, sans importance, dont le seul résultat est de donner au public, par sensation, un aperçu plus pénétrant et plus ému de la vie. L’idée ne doit pas plus déborder que le fait. L’idée doit être contenue, incluse en la matière, s’étendant à tout et jamais hors les choses. Et c’est la tare du drame ibsénien par exemple qu’elle y excède la vie. Plus le conflit apparaît simple et dépourvu de haute signification, mieux le vrai but est atteint. « Ce n’est point pour éviter au public un travail de réflexion, c’est pour demeurer dans l’humanité et aussi dans les lois du théâtre. Les personnages doivent se mouvoir libres et agir selon eux, non pas selon les besoins de la cause. C’est eux-mêmes qui doivent conduire la pièce, non la pièce qui doit les conduire. Il faut les soustraire au joug de la thèse, comme autant que faire se peut, au joug de la situation dramatique, laquelle a pris dans le théâtre une place par trop prépondérante. Tant pis pour nos idées si elles passent inaperçues ou ensevelies ! Plaignons-nous de cette loi cruelle, nécessaire, et qui entretient les équivoques, mais résignons-nous. Fuyons l’élo-