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siste dans le passé, que par lui. Il est la vérité à laquelle tout aboutit, en laquelle tout se fond ; ses intérêts parfois passagèrement chancelants, en butte à de longs combats, font la préoccupation de ses adeptes, s’ils vont à lui d’un cœur sincère et pénétré. La grandeur du culte excuse l’insuffisance du servant.

Il faut absolument rénover, assainir, fortifier l’armature faussée du théâtre. C’est la tâche de l’avenir. En attendant ces temps meilleurs et de meilleures tentatives que celles-ci, mes comédies font uniment et sans prétendre y réussir ce qu’ont fait beaucoup de leurs sœurs aînées ; elles s’occupent du mieux qu’elles peuvent, de l’amour, du mariage, de la famille, de l’union libre, de la morale des passions, du développement du sentiment de conscience que doit poursuivre l’humanité en route vers la justice, la raison, la pitié. Elles ont foi dans l’avenir démocratique de la race humaine, et cependant elles sont individualistes et aristocratiques, les deux seules situations valables de l’artiste en face des lois formidables de l’espèce et de la vie… Ce sont peut-être des rebelles, mais, j’espère, des rebelles équitables, pitoyables… Réussi ou non, c’est beaucoup que tout cela ! et l’on serait en droit de demander à l’auteur si vraiment il y a seulement un peu de cela, puisque presque rien n’en apparaît.

Il répondra que le théâtre n’est point fait pour exposer des idées, mais seulement pour les suggérer. Les pièces de théâtre doivent avoir des dessous de pensée, une trame philosophique, ainsi que les vêtements ont des doublures : nécessaires mais résolument invisibles. Ainsi l’exige l’élégance du costume. J’en ai