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(On la voit faire un geste. Un revolver est dans sa main. Georges se jette sur elle. Une courte lutte s’engage. Dans le corps à corps, Georges finit par lui arracher le revolver des mains. Il en retire les cartouches.)


Scène VII


GEORGES, ISABELLE, PIERRE.

GEORGES, jetant simplement le revolver à terre.

Imbécile ! (Puis, il va s’asseoir, les deux mains sur la face. Un grand silence. Isabelle haletante se soutient à la cheminée. Pierre est près d’elle. Personne ne dit plus rien. Enfin, Georges relève la tête.) Voilà où tu en étais ! oh !… où nous en sommes !… Est-ce croyable que ce soit toi, là… ce revolver à tes pieds !

ISABELLE, montrant Pierre.

Maintenant, plus rien ne pourra faire que ces yeux-là n’aient pas vu !

PIERRE.

Isabelle !

GEORGES.

Ah ! oui… ce baiser !… mais c’est ton œuvre, malheureuse ! Ton œuvre… ah ! parlons-en !… Sans que j’aie rien à me reprocher, Pierre, je te le jure, d’homme à homme, en face de cette pauvre femme égarée… voilà de quelle infamie elle me soupçonnait, moi !… Ah ! va-t’en, tiens ! je ne sais pas ce qui l’emporte, de ma pitié ou de ma révolte !

ISABELLE, qui est restée fixe pendant que Georges a parlé, subitement.

Écoute, Georges, en cette minute, à la sincérité de ta colère, de ton geste, d’un je ne sais quoi qui ne ment pas… je l’affirme, — et c’est solennel, cette fois, —