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alors, plus simplement, il vous sera arrivé ce qui est arrivé à tant d’autres… hier encore, à de nos voisins… oh ! ne protestez pas… c’est devenu tellement fréquent ! Dès votre entrée ici, vous avez compris à leur attitude… (Second mouvement de Pierre.) Je vous en prie, cette fois, Pierre, ne m’humiliez pas d’un mensonge de plus ! À quoi bon ?… Croyez-vous que je ne sache pas ? Ils ne se cachent plus, vous-dis-je… Vous êtes tombé, tout de suite, sur une scène d’intimité… Ils vous ont donné le spectacle de les surprendre… comme on les trouve maintenant toujours… s’embrassant, n’est-ce pas ? s’étreignant dans un coin… c’est cela ?… (Pierre hoche la tête évasivement et baisse la tête.) C’est cela ? (Bondissant avec un cri.) Ah ! c’est tout ce que j’attendais !

PIERRE.

Que dites-vous ?

ISABELLE.

Je n’attendais que cette preuve… Cette fois des yeux ont vu !… Ah ! la bonne délivrance !… la certitude !… Enfin !…

PIERRE.

Isabelle !

ISABELLE.

C’est le ciel qui vous envoie !… Enfin ! enfin !

(Elle va à un petit meuble bas près de la cheminée et l’ouvre avec une clef qu’elle porte à sa chaîne de cou.)
PIERRE.

Mon amie, mon amie… vous m’effrayez.

ISABELLE promène ses mains agitées dans des tiroirs. Georges apparaît à ce moment sur le perron.

Ah ! te voilà !… Entre ! (Montrant Pierre.) Maintenant, il a vu ! maintenant j’ai la preuve !… Tu ne peux plus nier… (Elle s’éloigne un peu à reculons des deux hommes.) C’est tout ce que j’attendais… Adieu !… Je vous délivre… Soyez heureux !…