rester un jour de plus ici ; l’épreuve est faite… Il faut que vous partiez… (Vivement.) Quand je dis partir, je veux dire, bien entendu, vous absenter quelques semaines… quelques semaines au plus… un voyage de rien du tout avec madame Heiman… une excursion dans les Alpes (Il fait un grand geste vague ; — se reprenant), dans les petites Alpes… les Alpilles !… Ne le faites pas pour Isabelle, Jeannine, si vous ne lui consentez pas ce sacrifice, faites-le pour l’amour de moi !…
Mais oui… mais oui… Inclinez un peu votre tête sur moi, et tout sera dit. (Mouvement de Georges.) Ne me troublez pas… C’est ma grande dernière minute… J’exécuterai tout ce que je me suis promis, point par point. Voyons… par ordre… que je ne m’embrouille pas… (Elle met ses mains sur sa figure et parle avec une voix nouvelle, timide et basse.) Écoutez, Georges… d’abord… oh ! j’ai la gorge sèche… laissez-moi… laissez-moi vous dire tu ! Cela, d’abord, je me le suis promis… Oh ! je ne vais jamais pouvoir oser !… (La voix n’est plus qu’un souffle imperceptible.) Toi, toi… mon Georges… je t’aime… Oh ! je suis toute rougissante… si vous me voyiez dans l’obscurité !… C’est exquis… C’est ainsi que je vous parle quand je suis seule dans ma chambre… Quel bonheur ! je vous dis tu, comme si c’était vrai…
Vous m’aimez, dites-vous ? Mais quelle sorte d’amour est le vôtre ?… Je ne peux pas y croire. Non, non, je n’y crois pas, c’est inutile !… Commencez par me le prouver… Vivez pour moi, si vous m’aimez… Ah ! si vous me montriez un peu de dévouement, si… ah !…
J’avais préparé des phrases, vous m’avez embrouillée !… Oh ! seule, je vous dis des choses, des choses !… je les marque pour vous les répéter… vous seriez con-