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GEORGES.

Oh ! nous avons encore le temps ! (Tirant sa montre.) Hé ! hé ! cinq heures moins le quart. Si nous voulons lire. (Ennuyé.) À moins que nous remettions à demain ?

MADAME HEIMAN.

Et le pis c’est qu’il est capable de m’attendre. Je n’ai averti personne que je sortais. Il est assez stupide pour m’attendre…

ISABELLE, à Jeannine qui entre.

Tu assistes à la lecture, n’est-ce pas ?

JEANNINE.

Oui.

GEORGES, à madame Heiman.

Nous allons faire sonner la cloche du jardin. Eh bien, que faites-vous ? vous filez aussi ?

MADAME HEIMAN.

La voiture ne doit pas encore être dételée. C’est encore ce qu’il y a de plus simple. (À part.) Veine ! ça prend !

GEORGES.

Vous vous croiserez en route !

MADAME HEIMAN.

J’en ai pour cinq minutes, aller et retour. Préparez vos papiers : je vous le ramène. (À la porte, elle revient.) Et puis, commencez sans nous. Si ça part de Charles le Téméraire, nous pouvons bien arriver un peu en retard.

(Elle dit cela d’un petit air malin et avertisseur.)
GEORGES.

Comment, comment, Charles le Téméraire ? Vous brouillez le titre et le sous-titre, ma chère amie, Charles, ou le petit téméraire. Ce n’est pas du tout la même chose ! (Madame Heiman s’est déjà enfuie.) Est-elle bête ! Excellent début !…

(Il remonte en sifflant.)