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JEANNINE.

Peuh ! (Georges a pris son mouchoir et lui essuie la main. Jeannine essaye de se rapprocher.) Georges !

(Il retire froidement sa main, met son mouchoir dans la pochette de son veston.)
GEORGES.

Allons, il faut vous en aller, Jeannine. Vous savez que je vous lis, à tous, le premier chapitre de mon livre, dans un quart d’heure ? Vous en êtes, n’est-ce pas ? oui ?… eh bien alors, il faut vous en aller…

JEANNINE.

Venez, Georges, ce soir… vous ne voulez pas ?

GEORGES.

Non.

JEANNINE.

Oh !

(Elle fait un mouvement de déception triste.)
GEORGES, après un temps, et après avoir paru réfléchir quelques secondes, se rapprochant d’elle.

Dans les campagnes, quand l’enfant souffre, Jeannine, et qu’il a la fièvre, les gens qui le soignent, autour de lui, ayant défense de lui donner à boire, répandent parfois un peu d’eau, sur les carreaux de la chambre, pour que la fraîcheur en arrive jusqu’à l’enfant et qu’il se calme… Contentez-vous, Jeannine, de ce que j’en peux répandre et tâchez d’être heureuse, s’il vient parfois jusqu’à la fraîcheur de quelque larme évaporée…

JEANNINE, tout bas, tout bas.

Venez !

GEORGES, changeant de ton.

Oh ! maintenant, Jeannine, je vais me fâcher !

JEANNINE.

Georges !

GEORGES.

Assez !… Allez-vous-en ! Victor ou Odette vont arriver d’un moment à l’autre. Allez-vous-en !