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ISABELLE.
Je m’en vais, je m’en vais.
JEANNINE continue ; quand elle a fini, elle tend le papier à Isabelle sans la regarder, par-dessus l’épaule.
Tiens, prends !… (Rapidement, elle se précipite au piano, rougissante, et se met à tapoter de la main droite.) Tu lis ?
ISABELLE.
Oui.
(Isabelle parcourt avidement des yeux. — Silence.)
JEANNINE, toujours de dos, de loin, sans se retourner, en tapotant.
Ne fais pas attention à l’orthographe, ni à la rime, tu sais… Tu as lu ?
ISABELLE, riant mal.
Oui… (Puis tout d’un coup, la voix changée et sifflante malgré elle.) Ce n’est pas méchant, c’est naïf !
(Jeannine se lève brusquement. Elle fixe sur sa sœur un regard interrogatif et haineux.)
JEANNINE.
Je pourrais peut-être te dire des choses moins naïves, si je voulais !… Rends-moi ça…
ISABELLE, cachant le papier derrière son dos.
Pourquoi, Jeannine ?
JEANNINE.
Rends-moi ça tout de suite… rends, tu te moques de moi !
ISABELLE, avec un ricanement dans la voix.
Tu ne veux pas que je les montre à Georges ?
JEANNINE.
Rends, je te dis…
(Elle atteint le papier et le déchire en mille petits morceaux.)
ISABELLE, continuant.
Georges ne les connaît pas ?
JEANNINE, cramoisie de colère et de dépit.
Je ne te répondrai plus jamais, jamais !…