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JEANNINE.

Certainly.

ISABELLE.

Take.

JEANNINE.

Well. (Elles allument leur cigarette.)

ISABELLE, la poussant vers le canapé.

Assieds-toi là… Tu as le temps… Tiens, les allumettes. (Elle rit et la tient enlacée.) Ch’tit bout, va !… tu ne sais pas ce que ça veut dire : ch’tit bout ? c’est les paysans d’ici qui disent comme ça… c’est vrai ! (Elle l’embrasse.) Je t’aime bien… Ah ! on arrivera un jour à se retrouver ! Tu ne peux pas rester dans cet état de claustration morale indéfiniment. Laisse-toi aller… dis-moi tous tes secrets… comme à une amie de couvent. (Enfantin.) Si tu étais au couvent, tu aurais bien des amies, n’est-ce pas ?

JEANNINE, faisant tomber la cendre de sa cigarette.

Mais quoi, quoi te raconter ?… Oh ! que c’est agaçant !

ISABELLE.

Tout. J’ignore tout de toi… depuis deux mois. Pourquoi ne veux-tu pas parler ? Les premiers jours, tu as été exquise d’abandon… et maintenant…

JEANNINE.

Oh ! que c’est agaçant !… Qu’est-ce que tu veux savoir ? Tu ne seras pas plus avancée !… Lundi je l’aime, mardi je l’aime, mercredi je l’aime… et c’est toute la semaine ainsi… Qu’est-ce que tu veux, ça ne se raconte pas ce que j’éprouve !… (Deux longues bouffées de cigarette.) Ah ! si j’écrivais mon roman… peut-être !… (Grave subitement.) Tiens, j’ai pensé à toi, justement, hier soir.

ISABELLE.

Oui ?

JEANNINE.

J’ai commencé une narration.

ISABELLE.

Une narration ?