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MADAME HEIMAN.

Nous n’avons échangé que des paroles volontairement indifférentes, par-dessus les haies… Alors, dites ?… Comment cela va-t-il ici, depuis ces deux mois ?

ISABELLE.

Mais très bien, très bien, très bien.

(Isabelle feuillette un livre.)
MADAME HEIMAN.

Ah ! j’avais cru… j’avais cru vous sentir encore en proie à des inquiétudes, des transes…

ISABELLE.

Pourquoi ? Parce que je vous ai envoyée à la recherche de Jeannine ?… Simple formalité… Tout va très bien, très bien…

MADAME HEIMAN.

Vous me rassurez ! Je suis bien contente. C’est curieux comme on se trompe ! Il m’avait semblé percevoir…

ISABELLE.

Quoi ?

MADAME HEIMAN, coup d’œil malin.

Oh ! une atmosphère générale… un je ne sais quoi dans la conversation.

ISABELLE.

Vous vous trompiez… Tout va à merveille, je vous le répète… tout est pour le mieux.

MADAME HEIMAN.

Alors, Jeannine ?

ISABELLE.

Jeannine est parfaite, Georges est parfait, j’ai lieu d’être pleinement satisfaite.

MADAME HEIMAN.

Je pensais bien que cette petite crise d’enfance se dissoudrait d’elle-même au beau soleil… Et vous ? Comment avez-vous supporté une situation, en somme bien… pénible, bien difficile ?