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MADAME HEIMAN.

Vous voudrez bien faire un petit tour de voiture avec moi, avant d’aller à la gare ?

ISABELLE.

Pourquoi à la gare ?

MADAME HEIMAN, embarrassée.

Je ne vous ai pas dit ?… Monsieur de Chelles arrive au train de six heures.

GEORGES.

Victor ? Tant mieux !

MADAME HEIMAN.

Il passait dans le département, alors…

GEORGES.

Oui, oui… S’en donne-t-elle du mal !

ISABELLE.

Eh bien, à cinq heures, si vous voulez ; je vous accompagnerai peut-être jusqu’à la gare.

MADAME HEIMAN.

Jeannine voudra bien se joindre à nous ?

ISABELLE.

Je ne sais si cela lui convient… Veux-tu venir en voiture, à cinq heures, avec nous. (Elle se retourne en s’adressant à Jeannine qui est, depuis le commencement de la scène, perdue dans la contemplation béate de Georges ; elle ne le quitte pas des yeux. En ce moment elle a la bouche grande ouverte et n’entend absolument rien. Reprenant à voix basse : ) Jeannine ?

MADAME HEIMAN, comblant habilement le silence.

Ah ! l’eau déborde !… prenez garde !

ISABELLE.

Mais non, elle ne déborde pas.

MADAME HEIMAN.

Ah ! je croyais. Connaissez-vous le petit bois des Cheminières, à trois kilomètres d’ici ? Comment, vous ne l’avez jamais visité ? C’est exquis, ma chère… il faut absolument que vous voyiez ça… Pour une fois que je