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ISABELLE, sèchement.

Ce n’est, en tout cas, pas à vous à le faire remarquer !… Vous restez vraiment d’un calme !… Seriez-vous étranger, pour n’être pas de la famille ? C’est pour vous qu’elle s’est tuée ! Et vous, le premier, mon cher, vous lui devriez au moins des paroles moins indifférentes !

GEORGES.

Aïe ! Aïe ! Il vaudrait peut-être mieux que nous n’entrions pas dans ces sortes d’appréciations… (Vivement.) Il y a des choses plus pressées… D’abord, que faire ?

ISABELLE.

Ah ! oui, que faire !

GEORGES.

Le remède, nous ne le trouverons pas ainsi en cinq minutes… Mais puisqu’il est préférable de laisser Jeannine seule un peu avec Barguier, et que nous disposons déjà d’une seconde pour nous concerter, je désire que vous m’indiquiez tout de suite en ce qui me concerne, le… comment dire ? (Il cherche.) l’attitude que je dois avoir dès que nous allons rentrer.

ISABELLE.

L’attitude ! Quel mot sec ! Il n’y a pas d’attitude à avoir… (Avec un grand geste.) Celle du cœur !…

GEORGES.

C’est un peu vague. (Sursaut d’Isabelle.) Oh ! Isabelle, comme je sens saigner votre âme !… Elle souffre aigrement, ma pauvre femme ! c’est bien naturel… Mais vous verrez, vous verrez, comme tout s’aplanira… vous en serez étonnée, j’en suis sûr… Le moindre dérivatif à son idée fixe… il suffira d’un peu d’éloignement…

ISABELLE.

Ah ! ça, êtes-vous fou ? L’éloigner ? Me séparer d’elle une minute, maintenant ? Vous ne pensez pas à ce que vous dites ! C’est-à-dire que je vais être rivée à elle simplement, moi ! S’il y a seulement une porte entre nous désormais, je ne vivrai pas ! Quelle épouvante si