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JEANNINE.

Va donc ! te gêne pas…

ISABELLE.

D’abord, je te l’ai expliqué déjà maintes fois. Ce mariage est de toute raison et de toute nécessité… les convenances… et puis il faut bien prévoir l’avenir, pour moi comme pour toi. Il y a même des questions d’intérêt.

JEANNINE.

Oui, je sais… Après ?

ISABELLE.

Quant à Georges, c’est mon plus vieil ami. J’ai une énorme affection pour lui et tu es assez grande pour comprendre que je ne l’aime pas d’amour.

JEANNINE.

Oh ! tu dis ça ! tu dis ça !

ISABELLE.

Si je l’avais aimé, je ne l’aurais pas épousé.

JEANNINE, comme quelqu’un à qui on veut en trop faire accroire.

Tu ne l’aurais pas épousé ? Pourquoi ?

ISABELLE, simplement.

Parce qu’il nous aurait dérangées, sœurette… Saisis-tu ?

JEANNINE, met un doigt grave sur sa tempe.

Je te demande tout ça, Isabelle, parce que j’ai besoin de mettre de l’ordre dans ma tête. Ainsi, c’est ton ami seulement. Mais si toi tu ne l’aimes pas d’amour, lui, il t’aime ?

ISABELLE.

Mon Dieu… sûrement… à ma manière… (L’entourant de ses bras.) Oh ! tu verras, tu verras ! combien tu seras heureuse, comme notre affection au contraire, délivrée de tant de soucis matériels d’avenir, deviendra plus étroite, plus serrée !…